Syndrome de l’imposteur.
Mais qu’est-ce que je fais là ?
J’ai été sélectionné pour suivre une formation réservée habituellement aux meilleurs.
Sauf que je ne suis pas le meilleur.
Mon examen était une vaste blague.
Franchement c’était mauvais.
Mais le jury ne s’en est pas rendu compte.
J’ai tourné le problème dans tous les sens. Soit j’ai eu de la chance, soit ils en avaient marre de faire passer des candidats alors ils ont bâclé mon test.
Quoiqu’il en soit, tout le monde va finir par se rendre compte que je ne suis pas au niveau.
Ils se demanderont comment ils ont pu faire une telle erreur.
Mes amis me disent que si je suis là, ce n’est pas par hasard.
Mais ce sont mes amis, je ne les vois pas dire autre chose.
Et si le problème c’était justement que je suis arrivé là par hasard ?
Bon, et qu’est-ce que je fais maintenant ?
Le Syndrome de l’imposteur
Salut tout le monde, j’espère que vous allez bien !
Est-ce que vous avez déjà vécu ce type de situation où vous vous êtes mis à douter de vous, lors d’un gros examen, d’un oral super important ou d’une présentation cruciale pour votre carrière ?
Si c’est le cas, rassurez-vous c’est tout à fait normal !
C’est même tellement normal qu’une étude de 2007 du chronicle of higher education a réussi à démontrer que 70% des gens le vivront au moins une fois dans leur vie.
Vous arrivez à vous convaincre que vous n’êtes vraiment bon dans aucun domaine et que vous avez berné tout le monde depuis tout ce temps.
Ce phénomène peut complètement vous faire perdre vos moyens, et détruire votre confiance en vous à long terme si vous ne savez pas comment le gérer.
Depuis la fin des années 70, les dr Clance et Suzanne Imes l’ont découvert et lui ont même donné le nom de « syndrome de l’imposteur ».
Vous trouverez les liens à la fin de l’article. Au passage, j’en profite pour vous dire que si vous aimez ce type d’article, encouragez moi à continuer en me le faisant savoir !
Revenons-en à nos moutons : Dans leur étude, les scientifiques Clance et Imes ont analysé le parcours et les ressentis de 150 femmes qui avaient particulièrement bien réussi, qu’elles soient étudiantes, travailleuses, entrepreneurs ou cadres supérieures.
Et ils ont remarqué un schéma qui se répétait :
Ces femmes avaient tendance à se sentir comme si elles avaient escroqué le système, et qu’elles attribuaient leur succès à des éléments comme la chance ou les erreurs des autres.
C’est ce schéma psychologique qui forme le syndrome de l’imposteur.
Le schéma
Et pourquoi le syndrome de l’imposteur nous intéresse sur Potion de Vie ? Parce que votre cerveau va mémoriser ce sentiment et vous le répéter à chaque fois que les situations stressantes vont se répéter.
Si vous ne savez pas le gérer, vous serez donc condamné à le répéter encore et toujours.
Clance et Imes ont poussé leurs études sur le syndrome de l’imposteur et ont décortiqué certaines composantes clé de son fonctionnement :
Une personne victime du syndrome va mettre en place un cycle psychologique lorsqu’elle travaille sur un projet :
- Tout d’abord, la personne va devenir soudain beaucoup plus anxieuse, ce qui va lui faire passer beaucoup plus de temps que nécessaire sur le projet en question.
- Ou bien au contraire, va la faire procrastiner, pour ensuite tout rusher pour terminer à la dernière minute.
- Une fois que le projet est terminé, la personne va se sentir soulagée et accomplie.
Jusque là rien d’anormal et c’est même plutôt sain !
Mais ensuite, la personne ne va tout simplement pas accepter les retours positifs sur son travail.
Elle va juste ignorer le fait qu’elle ait pu être talentueuse ou bien qu’elle ait bien travaillé. Elle va insister sur le fait qu’elle a été chanceuse ou qu’il n’y a jamais rien eu d’extraordinaire dans son travail.
Elle ne pense ainsi pas qu’elle mérite son succès, ce qui a pour conséquence de créer encore plus d’anxiété.
En gros pour la personne c’est soit elle a de la chance d’être arrivé, soit tout le monde va se rendre compte qu’elle est nulle ! Sympa !
Donc à chaque projet, la pression monte d’un cran.
En fait le syndrome de l’imposteur prend racine dans le bon vieux manque de confiance en soi, mais le booste puissance 10.
Par exemple, vous passez un examen important ou un concours, vous stressez, mais plutôt que de stresser sur vos chances de réussir, vous en venez à carrément à remettre en question votre capacité à apprendre en général.
Comment ça se fait que vous soyez parvenu jusque-là ?
Vous voyez la différence ?
Eprouver de l’anxiété et du stress face à un enjeu important est normal, et c’est même sain, car c’est une façon pour votre cerveau de vous maintenir affûté et d’éviter que vous sombriez dans la paresse ou la facilité.
Alors qui cela touche en priorité le syndrome de l’imposteur.
Ce qui est amusant avec ces études, c’est que comme elles ont été réalisées sur des femmes à la fin des années 70, les gens en ont déduit que ce syndrome touchait en priorité les femmes.
Ce qui est évidemment faux.
Une autre étude démontre que le syndrome de l’imposteur touche autant les hommes que les femmes, de tous les âges, et de toutes les catégories socio professionnelles.
En revanche, Clance et Imes, encore eux, ont réussi à déterminer que le syndrome de l’imposteur touchait un type de personnalité en particulier :
Les perfectionnistes !
Attention, pas tous les perfectionnistes !
Il convient de faire la différence entre les perfectionnistes inadaptés et les perfectionnistes adaptés.
Les perfectionnistes inadaptés ont tendance à se créer des objectifs impossibles à atteindre et à se montrer particulièrement critique à leur propre encontre.
Les perfectionnistes adaptés, au contraire, ont une vision et un comportement beaucoup plus positif et sont justes amoureux du travail bien fait et de l’amélioration, qui est source pour eux de motivation et non d’angoisse.
Comme les perfectionnistes inadaptés ne considèrent rien de moins que la perfection, ils sont plus enclin à penser que les retours positifs sur leur travail sont du à une erreur ou à une imposture, qu’ils ont réussi à entourlouper les gens sur la qualité de leur travail.
Ils ont donc d’avantage de chances de développer le syndrome de l’imposteur.
Autre tendance qui revient également dans les profils qui favorise le phénomène :
Les gens qui ont été élevés dans des familles qui leur envoyait des retours extrêmes sur leur travail : trop positif quand c’était juste bon, et extrêmement négatif dans les échecs.
Se débarrasser du syndrome de l’imposteur
Alors comment on fait pour se débarrasser de ce syndrome ?
Déjà, sachez que c’est un combat à long terme. Il ne faut pas penser que parce que vous allez vous mettre au yoga pour moins stresser vous allez régler le problème dans les 2 jours.
Evidemment que tout ce qui va aller dans le sens de gérer le stress va se révéler utile et je vous encourage à vous y mettre, mais il va vous falloir des mois avant de voir des résultats significatifs.
Ce que vous pouvez faire dès à présent, c’est déjà vous programmer intérieurement une sorte d’alarme mentale.
Maintenant que vous savez que le syndrome de l’imposteur intervient chaque fois qu’un projet que vous avez à faire est générateur de stress, cela va vous aider plus facilement à garder le contrôle de vos émotions.
Vous travaillez sur quelque chose, vous éprouvez du stress : votre « alarme mentale » se déclenche et vous vous dites qu’à partir de maintenant, tout jugement que vous ferez sur votre travail qui ne possède pas de feedback est forcément biaisé.
En gros si vous n’avez pas de preuve que vous faites de la biiiip, alors vous ne faites pas de la biiiiip
C’est la règle du jeu.
L’autre chose que je vous recommande est celle d’avoir un arbitre près de vous.
Non pas un arbitre de foot, mais bien une personne à l’avis constructif qui pourra vous dire objectivement les choses bonnes et moins bonnes de votre travail.
Donc le bon « arbitre » n’est pas trop proche de vous car sinon il ne vous dira jamais des choses négatives, et ce n’est pas non plus quelqu’un qui passe son temps à tout dénigrer, car il risque de vous griller au vol si un jour vous lui demander de faire des retours sur votre travail.
L’équilibre est entre les deux.
Egalement, je vous recommande à la fin de chacune de vos journées où vous avez douté de vous, de dresser une liste de 3 points sur les choses qui vous remplissent de satisfaction aujourd’hui.
Si c’est pour vous difficile de trouver ces 3 points, alors ne lâchez pas mais au contraire persistez et forcez-vous à les trouver.
Les études montrent que c’est une façon toute simple, mais particulièrement efficace de lutter contre le syndrome de l’imposteur, surtout si cela devient régulier.
C’est quelque chose que vous pouvez commencer dès aujourd’hui d’ailleurs, vous n’êtes pas obligé d’attendre la baisse de moral. Souvent, c’est mieux de commencer ce type de routine quand ça va bien justement, car cela nécessite moins d’efforts.
Enfin, dernière chose que je vous recommande est celui de déterminer des critères de réussite de votre tâche mesurables à l’avance. Si vous arrivez à terminer ce projet à telle date et s’il comporte tel ou tel élément, c’est une réussite par exemple.
Quelque chose qui puisse se mesurer par autre chose que du ressenti.
Références :
https://eric.ed.gov/?id=EJ782339
https://paulineroseclance.com/pdf/MeasuringIPComparison-H.pdf