Comment gérer les oublis ?

Techniques de mémorisation ou pas, votre cerveau éradique sans pitié tout ce qui n’est pas ou plus utilisé. Cependant, il existe quelques subtilités à comprendre pour gérer les oublis.

Vous pouvez mémoriser n’importe quel type de données. Vous pouvez obtenir un taux de restitution de 100% sans trop d’efforts. Cependant, mémoriser ne suffit pas.

Il faut procéder à des répétitions.

Pourquoi doit gérer les oublis ?

On oublie parce que l’information est devenue inutile et a perdu de sa saveur. Votre cerveau sort son tampon « inutile » et estampille votre information. Autant vous dire que si votre stratégie d’apprentissage était celle du par coeur, c’est à dire basée sur les répétitions, beaucoup de vos informations seront perdues à jamais une fois leur importance diminuée.

C’est typiquement le cas après les examens, où 75% de ce que vous avez révisé s’est évanoui dans les trois mois.

C’est également le cas si vous avez appris en faisant d’excellentes images mentales.

Quoi ? même avec des techniques de mémorisation de dingue on finira par oublier ??

Oui….

MAIS !

Il y a deux différences fondamentales entre bachoter à répéter ses informations et mémoriser en utilisant les techniques.

1. Si vous avez suivi une stratégie de bachotage classique, vous devrez tout simplement réapprendre tout le sujet pour le remettre en mémoire. Seules quelques bribes vous reviendront. En mémorisant avec les techniques que vous trouverez ici, une seule relecture devrait suffire à vous rappeler instantanément toutes vos images !
2. Les images mentales mettent beaucoup plus de temps à s’effacer que les données révisées par coeur, et certaines ne s’effaceront pratiquement jamais.

Pourquoi le vélo, ca ne s’oublie pas ?

Comment cela s’explique ?

Par l’existence des dendrites et des synapses. Les synapses sont des molécules qui transmettent les informations entre les neurones. Plus vous avez de neurones, plus vous avez de connexions synaptiques qui s’effectuent, plus vous avez d’informations qui transitent.

Les dendrites sont une partie des neurones. Elles ressemblent à des branches d’arbres qui se déploient tout autour des neurones.  Plus vos neurones carburent, plus les dendrites « poussent » et peuvent stocker des informations.

Lorsque vous apprenez une compétence ou une matière intellectuelle, les dendrites facilitent le chemin d’accès des synapses vers la recherche des informations. Ce sont comme des raccourcis. Votre « expérience sur le terrain » multiplie les connexions (et donc les raccourcis) vers tout ce qu’il y a à savoir. Si bien qu’au bout d’un moment, vous avez peu de chances d’oublier.

C’est comme si vous bâtissiez un « réseau routier » en plus. Tellement de chemins mènent à l’information qu’elle revient instinctivement.

Le fait de créer des images à partir d’un mot ou d’une idée, c’est créer des petites routes qui relient les choses entre elles. C’est densifier son réseau de raccourcis (dendrites) pour atteindre n’importe quelles informations absorbées.

Le problème du bachotage : on ne peut plus gérer les oublis !

Apprendre par coeur, c’est répéter l’information encore et toujours. Et ne vous y trompez pas, c’est nécessaire à certaines tâches lorsque l’on est petit, comme par exemple apprendre ses tables de multiplications ou le classement alphabétique et numérique.

L’information est relayée encore et toujours entre les neurones par les synapses.

Si les dendrites sont les routes de campagne qui raccourcissent les trajets, les synapses sont les autoroutes. Et pour fonctionner, un réseau routier a besoin de bonnes autoroutes bien entretenues.

Imaginez que vous êtes à Paris et que les tables de multiplications se trouvaient à Marseille.

Vous pouvez aller à Marseille en utilisant les routes de campagnes. Dans notre métaphore, cela reviendrait à associer à chaque table de multiplication une série d’images mémorisées. 

Vous pouvez également aller à Marseille en utilisant l’autoroute (en imaginant que ce ne soit pas le 15 août à 15h bien sûr)

Les deux chemins y mènent, mais à votre avis, lequel est le plus rapide ?

L’autoroute !

Et le bachotage c’est ca : c’est utiliser l’autoroute (synapses)

Cependant, les autoroutes ne mènent pas partout et c’est pour cela que certaines matières ou certaines disciplines sont terriblement difficiles à apprendre. Exemple : Le droit privé/public ou apprendre à piloter un avion de ligne.

Ca c’est des montagnes à gravir.

Et dans ces cas-là, on est bien content d’avoir un raccourci qui nous permettent d’accéder au sommet de la montagne.

Que faire une fois que l’on a oublié ?

Et cela arrivera fatalement.

Par exemple, je ne me souviens plus que des 100 premières décimales de PI sans faire d’erreur, car je n’ai jamais répété. Pour le métro de Paris, j’ai sans doute oublié certaines stations car je n’ai jamais répété non plus.

Et pourtant je suis serein.

Le fait est que les images mentales réactivent les dendrites à une vitesse folle. C’est pour cela que lorsque vous aviez appris quelque chose qui vous a procuré beaucoup d’émotions, et que vous avez oublié, il suffit de quelques essais pour tout retrouver !

C’est exactement ce qu’il se passe avec la mémorisation.

Je regarde le plan du métro de Paris une fois et tout redevient clair. Cela ne serait pas possible si je l’avais appris par coeur !! Déjà parce que ce genre d’information est impossible à apprendre par coeur efficacement (ou alors on ne sait pas placer les stations sur la carte !!)

et ensuite parce que les noms des stations sont pour la plupart terriblement chiants.

En les transformant en image mentale, on leur donne un sens, de la même manière que lorsque l’on apprenait à faire du vélo ! La réactivation se fait très vite !

Donc si vous oubliez… pas de panique ! Cela va vite revenir. Avec la bonne stratégie.

Stratégie (testée et approuvée) de répétition pour gérer les oublis

J’ai stocké chaque capitale, chaque numéro de département, chaque chef lieu, chaque numéro de téléphone, chaque date d’anniversaire, chaque station de métro dans un immense fichier.

Et chaque jour, au lever, avant de consulter mes mails, j’en répète 7 ou 8 (au total, pas de chaque)

Puis je me note sur ma vitesse de réponse et je fais en sorte de répéter que les images qui m’ont posée du mal. Pour les autres, je les laisse de côté pour un temps.

De cette façon, les images moins solides sont répétées plus souvent, et les images très solides sont répétées longtemps après.

7 ou 8, pas plus. Ca suffit. Les dendrites se réactivent. Elles ne meurent jamais vraiment. En lisant ces lignes, peut-être avez-vous une idée de mon prochain projet après le livre ?

Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur la mémoire, les molécules et les dendrites, je vous recommande l’ouvrage de Larry R. Squire : La mémoire, de l’esprit aux molécules.