Dans cette 4ème partie, j’ai eu l’honneur de pouvoir interviewer Mark McClish, adjoint US Marshall (oui comme dans la série !) spécialiste en détection de mensonge grâce à une technique dont personne ne parle en France mais bien connue des services de police et de certains journalistes : L’analyse de déclaration.
Pour la petite histoire, je me suis formé à ses techniques fin 2010 avec des résultats dépassant largement mes attentes. D’un point de vue personnel, je trouve l’analyse de déclaration supérieure (dans le sens plus fiable) à l’analyse du langage non-verbal lorsqu’il s’agit de détecter le mensonge.
Assez de blabla, voici les 8 questions que j’ai pu poser à M. McClish :
1- Bonjour Mark McClish, pouvez dire à nos lecteurs qui êtes vous et quel a été votre parcours ?
Je suis un adjoint US Marshall à la retraite. J’ai passé 9 ans à enseigner les techniques d’interrogatoire à l’académie d’entraînement des US Marshall. Durant cette période, j’ai conduis des recherches sur le langage et les mensonges. Prenant appui sur les résultats de mes découvertes, j’ai développé les techniques d’analyse de déclaration dans les affirmations verbales et écrites.
2- Effectivement, dans votre livre I Know You Are Lying nous découvrons une technique de détection de mensonge appelée : « Analyse de Déclaration », pouvez-vous en dire plus à nos lecteurs sur ce que c’est et comment l’utiliser ?
L’analyse de déclaration, c’est le procédé utilisé pour analyser les mots qu’une personne utilise dans le but de déterminer si elle dit la vérité ou si elle ment.
Vous pouvez exprimer votre déclaration de plusieurs façons. Les gens utiliseront toujours des mots basés sur l’ensemble de leurs connaissances du sujet. De plus, leurs déclarations peuvent contenir des informations qu’ils n’avaient pas l’intention de partager.
En regardant avec attention le langage utilisé par le sujet, vous pouvez déterminer exactement ce qu’il est en train de vous dire, et dans certains cas, ce qu’il ne vous dit pas.
3- En France (et sans doute aux Etats-Unis aussi ?) beaucoup de livres sont écrits sur comment détecter le mensonge grâce à l’analyse du langage non-verbal. Pouvez-vous nous dire les avantages de l’analyse de Déclaration sur l’étude du langage non-verbal ?
Quand vous utilisez des techniques d’analyse de communication non-verbale, vous devez lire ou interpréter le langage corporel de quelqu’un. Ce qui veut dire qu’il y a toujours un risque pour que vous fassiez une erreur d’interprétation. Avec l’analyse de déclaration, vous n’interprétez jamais, car les gens veulent dire exactement ce qu’ils disent.
Lire le langage corporel pour détecter le mensonge n’est pas toujours précis car les gestes ne veulent pas toujours dire qu’une personne ment. Les techniques d’analyse d’affirmation au contraire, sont très précises car comme je l’ai dit, les gens veulent dire exactement ce qu’ils disent.
4- Mark McCLishPouvez vous donner à nos lecteurs quelques exemples pour lesquels vos techniques sont décisives pour détecter le mensonge ?
La clé est d’écouter ce que la personne vous dit. Lorsque l’ancien président nous déclarait : « J’ai été lié par le serment pour être honnête et j’ai essayé de l’être » , il nous disait en fait qu’il n’était pas honnête. Les mots « j’ai essayé » veulent dire qu’il a fait une tentative d’être honnête mais qu’il a échoué.
Lorsqu’une personne utilise le mot « jamais » en remplacement du mot « non » elle cherche à tromper. Parce que le mot « jamais » ne veut pas dire « non ». De plus, vous ne pouvez pas utiliser le mot « jamais » pour répondre à une question fermée (ndJY : question nécessitant une réponse par oui ou par non).
Le pronom « nous » montre la pluralité, mais il indique également un certain partenariat. Ce qui veut dire que si victime présumée d’une agression sexuelle utilise le pronom « nous » dans sa déclaration, c’est une indication qu’elle était consentante ou qu’elle est en train d’inventer l’histoire.
Une victime ne va pas faire de partenariat avec son agresseur. Vous devez prêter beaucoup d’attention à ce que les gens vous disent.
(NdJY : En français, la victime présumée cherchera plutôt à distancier son agresseur : « il m’a forcée à aller là et à… » « il m’a entrainée dans les bois… » etc. » au lieu de « nous sommes sortis ici et on est allé dans les bois » etc.)
5- Quels conseils donneriez vous à quelqu’un qui serait intéressé par devenir meilleur en analyse de déclaration ? Comment quelqu’un pourrait s’entraîner dans la vie de tous les jours ?
Si vous voulez détecter le mensonge vous devez croire ce que les gens vous disent. Habituellement, les gens ne vous mentiront pas. De plus, leurs déclarations seront habituellement honnêtes. Cependant, un menteur mettra de côté toute information incriminante. En croyant ce qu’une personne vous dit et non en interprétant ce que les gens vous disent, vous commencerez à voir ce qu’ils vous disent vraiment ou dans certains cas ce qu’ils ne vous disent pas.
Regarder les interviews à la télévision est un bon point de départ.
Ecoutez les questions et ensuite écoutez les réponses. Demandez vous : « Est-ce que la personne a répondu à la question posée ? » Qu’est ce que la personne est en train de me dire d’après les mots qu’elle utilise ? »
6- Est-ce que vous pensez que vos techniques peuvent être appliquées à la communication par E-mail Mark McCLish ?
Oui elles le peuvent. Cependant avec les E-mails les gens utilisent souvent des raccourcis et n’utilisent pas une grammaire correcte. Ce qui veut dire que nous devons le prendre en compte lorsque nous analysons les E-mails ou les sms.
7- Et dans la vie de tous les jours ? Est ce que vous « mettez votre radar sur pause » lorsque vous êtes en famille ou avec des amis ou est ce que cela devient une seconde nature que vous ne pouvez plus contrôler ?
Lorsque vous parlez à des amis, vous ne vous concentrez pas sur chaque mot prononcé. Vous participez à la conversation mais vous pouvez être distraits par plein de choses.
Lorsque vous utilisez l’analyse de déclaration, vous devez le « mettre sur ON ». Vous devez prêter attention à chaque mot prononcé ou écrit par le sujet pour déterminer avec exactitude ce qu’il est en train de vous dire.
Plus vous devenez compétent à l’utilisation des techniques, plus vous entendrez de choses automatiquement lorsque vous discuterez avec quelqu’un. Cependant, cela reste une discipline que vous devez décider de mettre en marche ou en arrêt.
8- Vous m’avez dit récemment que vous aviez écrit un autre livre ? Qu’est ce qu’il apporte de plus ?
Mon nouveau livre s’appelle : Don’t Be Deceived: The definitive book on detecting deception. Il traite des trois seules façons de détecter le mensonge : En examinant le langage utilisé, le langage corporel et la graphologie. La grande majorité du livre parle de l’analyse de déclaration car ce sont les techniques les plus précises pour détecter le mensonge.
Je parle également des gestes et du langage non-verbal le plus courant pouvant nous dire qu’une personne ment.
Il y a également un chapitre sur la graphologie qui vous dit les choses à regarder dans l’écriture à la main d’une personne pour déterminer si quelqu’un vous dit la vérité ou ment.
***
Connaissiez vous ces techniques ?
Je vous rappelle qu’elles sont présentes dans les séries comme « esprits criminels » ou « lie to me », et de nombreuses autres que je ne connais pas. Mark Mc Clish
Pas si inconnu que cela donc, mais qui gagneraient à être un peu plus popularisées (si vous cherchez une idée de blog … 🙂 )
Je n’ai lu que le premier livre de Mark McClish : « I know you are lying » que j’ai dévoré. Il va directement au but et nous livre l’ensemble des techniques d’analyse de déclaration, j’ai vraiment été convaincu par la puissance. Alors que le doute est toujours permis dans le langage non-verbal.
Même s’il n’en a pas parlé dans l’interview, son livre vous enseigne comment poser les questions en vue d’obtenir la vérité et vous révèle les erreurs souvent commises par les journalistes lorsqu’ils interviewent leurs invités.
Si vous avez des questions à poser à Mark, posez les dans les commentaires et je lui ferai suivre 😉
Merci pour cette interview, ça m’a vraiment donné envie de lire le livre. J’ai une question pour lui: Est-ce qu’il lui est arrivé de se tromper lors de ces interrogatoires? Et est-ce qu’il lui est arrivé de se retrouver dans une situation embarrassante à cause de ses techniques de détection de mensonges?
J’ai la réponse de Marc McClish : « je n’ai jamais fait d’erreur en analysant une déclaration car je ne fais que pointer du doigt ce que la personne a dit ou dans certains cas, ce qu’elle n’a pas dit. Je n’interprète pas ce que les gens disent. Il y a des moments où je dirai que quelqu’un ment, et cela s’est toujours révélé exact. La plupart du temps, lorsque je fournis une analyse, je ne fais que mentionner les zones d’ombre d’une déclaration indiquant un mensonge ».
j’ai toujours été un fan de toutes ces techniques. Dans cet article tu expliques que les méthodes non verbal sont moins performantes que l’analyse verbal. On peut dissimuler ses gestes assez facilement (avec de l’entrainement) mais je pense que pour le dialogue c’est la même chose. Une règle d’or du mensonge c’est de dire une partie de vérité (et surtout d’y penser). J’ai donc une question : est il possible de maîtriser son dialogue de la même façon que les gestes afin de dissimuler la vérité.
[…] Je suis plus intéressé par le chemin de raisonnement que la pensée exprimée à un moment donné (pensée qui change tout le temps, comme le dirait si bien mon ami Marc) […]
Bonjour JY,
je vais prêcher pour ma paroisse mais j’enseigne depuis plusieurs années à détecter et utiliser le non verbal (pas à l’interpréter, mais plutôt à le regarder pour s’en servir) et j’utilise aussi mes connaissances en Hypnose et rhétorique pour détecter les discours mensongés ou fabriqués. Selon moi un outil ne fait pas l’unanimité, c’est l’association de tous ces outils qui permet de décupler sa faculté à détecter les mensonges ou l’authenticité. Passionné depuis de très nombreuses années (un de mes enseignants de fac m’avait fait connaître les travaux d’Ekman) par les microexpressions, j’ai créé le 1er outil francophone d’entraînement à la détection des microexpressions (T.E.L.C, disponible gratuitement ici http://www.telconline.com) et je serai ravi d’échanger avec vous à ce sujet.
Bien amicalement, Franck
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Venez poser vos questions à Mark McClish !
Sympa je regarderai sa a la maison
Salut Jean-Yves,
J’ai adoré l’interview!
Dans le même genre, il y a un auteur et spécialiste de la communication non verbale que j’adore : Joseph MESSINGER!
Apprendre à décrypter les gestes demande énormément de temps et de pratique mais c’est vraiment passionnant… 🙂
Merci pour cette interview, ça m’a vraiment donné envie de lire le livre. J’ai une question pour lui: Est-ce qu’il lui est arrivé de se tromper lors de ces interrogatoires? Et est-ce qu’il lui est arrivé de se retrouver dans une situation embarrassante à cause de ses techniques de détection de mensonges?
Je lui transmet la question, merci Julia 🙂
J’ai la réponse de Marc McClish : « je n’ai jamais fait d’erreur en analysant une déclaration car je ne fais que pointer du doigt ce que la personne a dit ou dans certains cas, ce qu’elle n’a pas dit. Je n’interprète pas ce que les gens disent. Il y a des moments où je dirai que quelqu’un ment, et cela s’est toujours révélé exact. La plupart du temps, lorsque je fournis une analyse, je ne fais que mentionner les zones d’ombre d’une déclaration indiquant un mensonge ».
Bonsoir Jean Yves,
j’ai toujours été un fan de toutes ces techniques. Dans cet article tu expliques que les méthodes non verbal sont moins performantes que l’analyse verbal. On peut dissimuler ses gestes assez facilement (avec de l’entrainement) mais je pense que pour le dialogue c’est la même chose. Une règle d’or du mensonge c’est de dire une partie de vérité (et surtout d’y penser). J’ai donc une question : est il possible de maîtriser son dialogue de la même façon que les gestes afin de dissimuler la vérité.
[…] Je suis plus intéressé par le chemin de raisonnement que la pensée exprimée à un moment donné (pensée qui change tout le temps, comme le dirait si bien mon ami Marc) […]
Bonjour JY,
je vais prêcher pour ma paroisse mais j’enseigne depuis plusieurs années à détecter et utiliser le non verbal (pas à l’interpréter, mais plutôt à le regarder pour s’en servir) et j’utilise aussi mes connaissances en Hypnose et rhétorique pour détecter les discours mensongés ou fabriqués. Selon moi un outil ne fait pas l’unanimité, c’est l’association de tous ces outils qui permet de décupler sa faculté à détecter les mensonges ou l’authenticité. Passionné depuis de très nombreuses années (un de mes enseignants de fac m’avait fait connaître les travaux d’Ekman) par les microexpressions, j’ai créé le 1er outil francophone d’entraînement à la détection des microexpressions (T.E.L.C, disponible gratuitement ici http://www.telconline.com) et je serai ravi d’échanger avec vous à ce sujet.
Bien amicalement, Franck