Confiance en soi

Mémoire et joie de vivre

mémoire joie de vivre
Ecrit par Jean-Yves Ponce

Mémoire joie de vivre Dis-moi comment tu mémorises je te dirai qui tu es.

J’en parlais en filigrane au travers du blog et notamment dans « comment devenir un génie » : Pour retenir quelque chose, il faut que vous lui donniez du sens, et il faut que cette chose soit rattachée à une émotion.

C’est simple : le cerveau filtre ce qui est inutile. Et qui juge ce qui est utile ou non ? Vous et vous seul.

A travers le monde, les études scientifiques le démontrent régulièrement : nous retenons mieux les choses rattachées à de l’émotion que les choses neutres.

Notamment, nous retenons mieux les visages souriants que les visages neutres ! Souriez et on vous reconnaîtra plus facilement par la suite !

Il nous reste à faire le lien entre la mémoire et la joie de vivre.

Mémoire joie de vivre : Le bonheur fausse la donne

Saviez-vous qu’en général, les gens s’estiment contents de leur vie ? Même les gens avec un état de santé physique et mentale défaillant, et avec peu d’argent.

Cela peut vous faire bondir, et pourtant les études à travers les 5 continents et toutes les cultures convergent en ce point. Vous trouverez une source de ces études sur about.com.

Il est à noter que ces études datent de 2003 et ont largement pu évolué en 8 ans. J’expliquerai comment plus tard.

Vous connaissez tous la sagesse populaire qui dit que l’argent ne fait pas le bonheur, etc etc.

Je ne vais pas la ramener une fois de plus avec cela, car vous l’avez déjà lu ou entendu quelque part.
Par contre ce que vous n’avez pas lu, c’est que la joie de vivre fausse votre mémoire autobiographique, c’est à dire la mémoire des évènements qui vous arrivent.
Il semblerait que Richard Walker, psychologue de l’université de Salem ait réussi à démontrer que l’Homme est programmé pour retenir les souvenirs plaisants et à éviter les souvenirs déplaisants.
Qui dit éviter dit effacer.
En d’autres termes, nous nous sentons « globalement satisfaits » voir heureux(ses) parce nous avons beaucoup plus de facilité à retenir les évènements agréables et non pas parce que nous sommes chanceux, même si c’est une question de point de vue.
Les évènements plaisants sont répétés, amplifiés, idéalisés. Et les évènements déplaisants sont un peu laissés de côté, sans parler des traumas bien sûr ! Comme je l’ai dit, ces études datent de 2003. Et la situation a pû évoluer. D’ailleurs elle évolue à vitesse grand V.

Mémoire et dépression

Si le bonheur tronque la mémoire, ce n’est rien à comparé de la dépression qui l’élimine. Depuis 2003, les chiffres du stress et de la dépression sont en constante augmentation. La dépression est une maladie qui change le regard des gens sur les choses. C‘est une maladie qui élimine toute notion de joie de vivre et qui transforme le positif en neutre, et le neutre en négatif.

Par corollaire, notre mémoire devient défaillante et les seules choses à répéter intérieurement sont les souffrances. Le regard d’une personne qui subit un épisode dépressif se détourne du monde pour se centrer sur lui-même.

Il en résulte une baisse de mémoire. Chez les personnes âgées, les pertes de mémoire sont souvent accompagnées d’un épisode dépressif.

Parce que le cerveau finit par juger que les évènements qui surviennent sont inutiles car inefficaces pour apaiser la dépression. Rappelez-vous, ce qui est inutile est nettoyé. Vous vous souvenez de votre premier pantalon ? Probablement pas. Vous vous souvenez de votre premier vélo ? Il y a de grandes chances.

Bien que le vélo soit également un objet, vous l’avez probablement reçu en cadeau quand vous étiez petit. Il y a donc bien une émotion positive associée à cet objet. Avec la dépression, imaginez que tout ce qui a la même valeur que votre vélo se retrouve subitement avec la même valeur que votre premier pantalon. 

Cela ferait un choc n’est-ce pas ?

Mais la dépression n’est pas le seul ennemi de la joie de vivre et de la mémoire.

Bonsoir, nous sommes lundi ! au programme : guerre, crise, insécurité et pauvreté !

C’est ce que l’on entend tous les jours à la télé, à la radio et dans n’importe quel média. Puisque l’on parlait de mémoire autobiographique, pouvez-vous me dire la dernière fois que vous avez fini le journal télé en étant de meilleure humeur qu’avant de le regarder ? France 98 ?

L’omniprésence de la peur dans les médias n’est pas là par hasard. Les journaux sont des entreprises comme les autres, et le sensationnel fait vendre. Donc pour vendre, il faut de l’émotion.

Et la peur est un vecteur d’émotion trois fois plus puissant que le bonheur. Sans doute parce que la peur est reliée à l’instinct de survie.

Mais ce n’est pas le propos. Le propos est qu’objectivement, il faut être particulièrement zen pour dégager et mémoriser durablement des évènements positifs dans l’actualité.

Quand vous en avez fini avec un sujet, voilà que débarque une maladie exotique au nom imprononçable.

Ainsi nous nourrissons notre mémoire autobiographique de négatif, donc de moins de joie de vivre, donc de moins mémorable. Bien sûr qu’on n’y peut rien et que le contexte n’est pas favorable. Il ne sert à rien de se voiler la face.

Mais le monde tournerait-il différemment si nous regardions moins les informations ? C’est ainsi que l’on commence à parler de « diète médiatique ».

Mais le plus grand danger mémoire joie de vivre ….

Le plus grand danger, c’est notre manque d’attention. J’en parlais dans l’article sur les déjà-vus et les points blancs.

Le mode auto-pilotage qui empêche le cerveau de vivre dans le présent et donc de nourrir positivement sa mémoire. 

Nous sommes des spectateurs passifs d’un monde qui ne nous oblige plus à réfléchir ni à analyser les choses en profondeur. Plus besoin d’être attentif.  C’est marrant, cela me rappelle un autre article que j’avais écrit sur la croisée des blogs à propos d’une certaine écologie du cerveau !
La vérité est que nous n’avons plus besoin d’être attentif au monde qui nous entoure. Vous n’avez plus besoin de rechercher les choses, elles viennent direct sur votre écran.

Pour les contacts humains, c’est pareil. En 2001, à peu près à l’époque des études dont je parlais au début de l’article, rencontrer quelqu’un sur internet passait pour un acte trop bizarre. Aujourd’hui, pour beaucoup, c’est rencontrer quelqu’un dans une sortie en pub qui devient trop bizarre.
C’est notre mémoire sensorielle qui est contente : Elle qui cherche à retenir le plus de sons, de voix, d’images, de mouvements, de goûts, d’odeurs… elle se retrouve à devoir mémoriser les « tududum » de msn et à lire des phrases par mail, là où avant on gardait l’image d’un mouvement de bras dans les cheveux pendant des jours…

Pourtant je reste serein

Et oui, malgré mon réquisitoire contre un monde qui évolue vers le virtuel et la robotisation (manque plus que notre âme et on pourra bientôt tous jouer dans Terminator) je suis serein. Je travaille dans l’un des métiers les plus archaïques qui soit : Bibliothécaire !

Et pourtant je reste cool. Je me voile la face ? Non, car au fond je suis persuadé qu’il arrivera un moment où l’être humain reviendra du virtuel pour aller un peu plus dans le réel, pour partager avec d’autres être humains, vivre ensemble (et non pas en collocation avec l’autre).

D’ailleurs, je suis content : les chiffres de la fréquentation de ma bibliothèque sont en hausse après des années de dégringolade. Et je vous encourage comme tant d’autres à prendre soin de vous et à vous fabriquer des souvenirs heureux, mêmes s’ils semblent à première vue futiles (comme les chiffres de fréquentation d’une bibli) N’oubliez pas que notre mémoire se nourrit de ces futilités.

sing-post-cta-potion-de-vie

26 Commentaires

  • Article très intéressant, ça me donnera des pistes pour me remonter le moral et mieux me comprendre.^^

    Sinon, hors sujet, tu aurais une adresse mail où je pourrai te contacter en privé? Tu as la mienne. 😉

  • Toujours aussi intéressants ces articles Jean-Yves !

    J’aime bien ta manière de voir le monde, et je suis convaincus, que la place du virtuel va peu à peu se réduire.

    Après, je préfère rechercher des données sur internet plutôt qu’à la bibliothèque, c’est beaucoup plus rapide pour un flemmard comme moi 😛

    C’est plus ou moins en rapport avec l’article, quand tu dis qu’on retient plus les choses positives que négatives, c’est exactement pareil en voyance !
    Ce qui est génial (après, ça dépend des points de vu), c’est que même si tu fais une ou deux erreurs dans ta lecture, arrivé à la fin de la séance, ton sujet les a souvent oublié.
    Sauf si tu tombes sur un sceptique, là il faut réussir à retomber sur ses pattes.
    Soyez sur vos gardes, si vous passez par un voyant 😉

  • Tu fais bien de citer la notion de diète médiatique, c’est exactement ce que j’ai commencé à faire après avoir lu le bouquin de tim ferriss.

    Je n’ai plus de télé depuis des années (même si j’en avais repris une au début en Allemagne pour bosser la langue). Au final on arrive quand même à savoir ce qui se passe dans le monde de manière indirecte mais c’est vachement plus reposant.

    J’aimerais un journal des bonnes nouvelles, où on ne parlerait que d’entrepreneurs à succès, d’initiatives vertes ou solidaires dans le monde, un truc qui me donnerait envie d’aller vers mon prochain et pas de tourner le verrou quatre fois et d’installer un fusil à pompe à déclenchement automatique devant la porte d’entrée. 😉

    P.S: très bon article comme bien souvent ici 🙂

    • Merci Solal 🙂

      Les news le matin en ce qui me concerne, point barre. Depuis que je test ce process, je ne me sens pas déconnecté du monde, et toutes mes réflexions sont tournées vers quelque chose de plus
      constructif que le ressassement des mauvaises nouvelles.
      Depuis quelques jours, il y a une grande nouveauté en plus : Lorsque je suis seul chez moi, je n’éprouve même plus le besoin de l’allumer pour faire un « fond d’accompagnement ». Je met un peu de musique.
      Quand j’écris des articles, c’est le silence absolu, il n’y a que le bruit du clavier.

  • Très bon article,

    effectivement ces média ou merdia comme on peut les appeler sont terrible. J’ai entendu parler d’un livre « TV lobotomie » ou un titre similaire.

    Pour répondre a Solal je conseil vivement le Journal « l’age de Faire » un mensuel qui parle que des belle initiative en france et ailleurs en rapport avec l’écologie, la solidarité et actions alternatives.

  • Wouahou, super article et au combien complet et explicite, je suis honorée de le diffuser via ma croisée des blogs !
    Je n’avais jamais réfléchit sur l’influence de la joie et du bonheur sur la mémoire, maintenant c’est chose faite, excellente idée !

  • […] Savez-vous que notre degré de joie de vivre et de bonheur est un facteur déterminant pour notre mémoire ? Jean-Yves explique cela très bien dans son article “Mémoire et joie de vivre”. Allez vite le consulter pour avoir une mémoire d’éléphant en cliquant ici. […]

  • Tout simplement passionnant. J’ai toujours été plutôt joyeuse et j’ai toujours eu une mémoire d’éléphant.

    Et puis un épisode dépressif m’est tombé dessus, je n’ai rien vu venir et je n’aurais jamais imaginée être terrassée comme je l’ai été pendant plusieurs années.

    Une des choses qui me terrifiait sans que je n’ose en parler à quiconque était justement cette perte de mémoire. Je perdais mes mots, mes idées … et j’étais intimement persuadée d’avoir la maladie d’alzheimer.

    Aujourd’hui encore je n’ai pas l’impression d’avoir récupéré toutes mes capacités. Il faut donc que j’y mette un peu plus de joie de vivre.

    Quelle belle et bonne idée.

    Merci et à bientôt,

    Lara

  • Un article riche et complet, bravo !
    Je pense, moi, que les défaillances de la mémoire, quand on est âgé, protègent de la dépression. Quand la vie a apporté un lot trop lourd de mauvais souvenir, le cerveau émotionnel disjoncte et se réfugie dans l’oubli. Se souvenir ferait trop mal…
    Bon, c’est une lecture inhabituelle, mais je la crois juste.

  • Cet un bel article, et sans le savoir c’est entre autres grâce à cela que je suis sortie de la dépression… Je tenais un carnet du bonheur que je relisais chaque fois que ça n’allait pas. Petit à petit, je trouvais tout tellement génial que je noircissais des pages et des pages 🙂

    Je ne suis pas tombée dans la naïveté, au contraire. Mais cet exercice m’a permis de changer de paradigme et de voir les aspects positifs d’un évènement qui de prime abord semblait malheureux.

    Merci JY!

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